Laide et appréciée.

 

Depuis le temps que je vous promène de salon en salon, laissez-moi vous dire que votre face de chèvre m'agrée singulièrement. En vérité vous êtes le plus beau laideron de toute la contrée. Et si généralement vous n'êtes point pour faire honneur aux garçons que vous approchez, lesquels vous fuient invariablement, vous ne me faites pas plus honneur pour autant, soyez-en persuadée.
C'est que je suis comme les autres : je vous trouve laide moi aussi.

Mais votre laideur a cela de nécessaire à ma gloire, c'est qu'elle fait converger tous les regard vers moi. Je m'affiche tel jour en public en votre piètre compagnie et je me mets aussitôt à dos les rieurs pour les mieux contredire le lendemain. En effet, je remporte tous les suffrages lorsque je vous remplace par une plus flatteuse conquête. Et les rieurs de la veille d'applaudir le joli tour de passe-passe... Un jour je sors avec la poupée de chiffon, le lendemain avec la poupée de porcelaine. On me raille lorsque j'ai le torchon à mon bras, on se rallie chaudement à ma cause lorsque j'ai la serviette pendue au cou.

Avec vous, je fais des jaloux à bon compte. Je brille et fais briller, mettant en valeur les femmes qui sans vous se seraient senties bien médiocres. C'est que vous accentuez vraiment les contrastes, Mademoiselle. Tout votre art est là. Une vierge commune devient princesse à vos côtés. Elle se sent belle comparée à vos traits caprins, à votre silhouette bovine, à vos charmes de camélidé.
Son hymen en devient plus accessible, considérant elle-même sa déchirure non plus comme une infamie
mais comme un authentique honneur.

Vous êtes un chef-d'oeuvre de laideur. Votre tête terne fait devenir soleil la simple provinciale. Votre disgrâce fait rayonner la commune lessiveuse. Votre naissance de misère donne aussitôt du prix à l'ordinaire courtisée.
Bref, votre difformité fait plaisir à voir.

Sortez toujours plus de l'ombre. Continuez à être mon faire-valoir, à être celle qui fait jaser. Soyez fière de m'accompagner.

Ne maudissez pas votre sort surtout : votre laideur est un cadeau pour les autres.

 

Raphaël Zacharie de Izarra

 

 

Les vieilles filles

 

J'aime les vieilles filles. Et lorsqu'en plus elles sont laides, c'est encore mieux.

Les vieilles filles laides, acariâtre, bigotes ont les charmes baroques et amers des bières irlandaises. Ces amantes sauvages sont des crabes difficiles à consommer, et il faut savoir se frayer un chemin âpre et divin entre leurs pinces osseuses. Quand les vieilles filles sourient, elles grimacent. Quand elles prient, elles blasphèment. Quand elles aiment, elles maudissent. Leur plaisir est une soupe vengeresse qui leur fait honte. Pourtant ce potage de fiel et d'épines, elles en raffolent.
Tantôt glacé, tantôt brûlant, elles avalent d'un trait leur bol de passions fermentées. Les vieilles filles sont perverses.
C'est leur jardin secret à elles, bien que nul n'ignore leurs vices.

Les vieilles filles sont des amantes recherchées : seuls les esthètes savent apprécier ces sorcières d'alcôve.
Comme des champignons vénéneux, elles anesthésient les coeurs, enchantent les pensées, remuent les âmes, troublent les sangs.
Leur poison est un régal pour le sybarite.

L'hypocrisie, c'est leur vertu. La médisance leur tient lieu de bénédiction. La méchanceté est leur naturelle coquetterie. Le mensonge, c'est leur parole donnée. Elles ne rateraient pour rien au monde une messe : c'est que leur cher curé est leur pire ennemi. Le Diable, c'est leur voisin de pallier, la jolie fille d'à côté ou le passant qu'elles épient scrupuleusement derrière leurs petits carreaux impeccablement lustrés. Elles adorent les enfants, se délectant à l'idée d'étouffer leurs rires. Elles aiment aussi beaucoup faire la conversation avec les belles femmes : c'est pour elles une vengeance subtile que de s'afficher en si flatteuse compagnie tout en se sachant fielleuses, sèches, austères. Elles portent le chignon comme une couronne.
C'est là tout leur orgueil de frustrées.

Oui, j'aime les vieilles filles laides et méchantes.
Contrairement aux belles femmes heureuses et épanouies, les vieilles filles laides et méchantes portent en elles des rêves autrement plus beaux et désespérés, et leurs cauchemars ressemblent parfois à des diamants dans la nuit.
Elles ont des trésors dérisoires et magnifiques, à la mesure de leur infinie détresse.
Contrairement aux femmes belles et heureuses, elles ont encore plus de raisons de m'aimer et de me haïr, de m'adorer et de me maudire, de me lire et de me relire, inlassablement, désespérément, infiniment.

 

Raphaël Zacharie de Izarra

 

Pour toi

 

Pour toi, je voudrais un poème divin
Une chanson unique sur musique de clavecin.,
Embellir le silence en composant des mots,
Ma plume étant l'essence pour t'offrir ce cadeau.

Si j'étais un grand acteur,
Je jouerais une pièce en ton honneur.
Dont le texte aussi bien que la préface,
Traiterait de ma passion pour toi, si tenace.

Si j'étais un peintre de talent,
Je pourrais dessiner tous mes sentiments.
Te faire une toile de mon amour,
Encore mieux que les plus beaux discours.

Si j'étais un habile sculpteur,
J?immortaliserais la beauté de ton coeur,
Pour être certain d'y toujours conserver
La première place pour l'éternité.

Si j'étais ce magicien mystérieux,
Je lèverais ma baguette vers les cieux
Pour t'envelopper comme dans un voile
D'une fine pluie d'étoiles.

--Jean-Claude--

Depuis déjà bien des années
Le bonheur je le vis à tes côtés.
Alors, main dans la main encore,
Revenons l'an prochain à Roquemaure.

 

Jean-Claude

 

 

A l'homme de ma vie

 

Déclaration d'amour
Si je te disais,
Qu'un jour, j'ai courtisé le soleil,
Je volais parmi les anges.
Une voix susurrant à mon oreille,
Des mots bien étranges.

Si je te confiais,
Qu'une magie a engourdi mon corps,
La lumière me passait à travers ;
Elle entrait dans chacun de mes pores,
Enflammant ma chair.

Et si j'ajoutais,
Ce grand brasier courait dans mes veines,
J'incendiais de l'intérieur,
Mon sang charriant dans sa longue traîne,
Un secret du cour.

Oh, tu me dirais,
Je déraisonne, c'est ridicule,
Les rêves sont souvent très forts,
Je dois confondre aurore et crépuscule,
Comme un mauvais sort.

Alors, j'avouerais,
Depuis toujours, c'est toi mon soleil,
Le fruit de ma renaissance,
T'aimer est pour moi une telle merveille,
Comme une évidence.

 

texte écrit par Maya (29 ans), pour l'homme de sa vie